mardi, juillet 6

L'Adagio de la dépression.


"Il y a un rythme. Un, deux.
Il ya cette espèce de bulle de solitude, un cercle empoisonné d’environ un mètre entre moi et les autres. J’ai l’impression de rire à retardement, de ne pas comprendre ce qu’on me dit, d’être en permanence décalée, à ma place nulle part. On ne peut pas dire que je me sente mal, que je sois désespérée. Je suis juste… anesthésiée. Pas d’émotions, pas d’actes. Les gens, ils vivent. Ils trouvent ça plus facile et c’est vrai que ça l’est, ils ne veulent pas se compliquer la vie, les gens, alors ils vivent, ils parlent, ils mangent. Je dois être différente. Parfois j’ai besoin d’arrêter de manger, un jour, deux jours, et puis les kilos en moins, un, deux, ça m’aide à équilibrer la balance de ma tête. Je bois beaucoup avant d’aller chez le médecin, un litre, deux. Il me félicite, me dit c’est bien tu as repris du poids, continue comme ça, tu es sur la bonne pente. C’est que des conneries, y a pas de bonne pente, y a qu’une pente, un truc qui descend, vachement vite. Je tombe.
Et je me lève, et je me couche, un jour de passé, deux. Je mange à nouveau, reprends 500 grammes, cesse de manger et perds deux kilos. J’équilibre. Mon équilibre, précaire. Sur le fil, au bord du gouffre.
Il y a la fatigue. C’est facile de faire semblant d’aller bien. C’est juste que c’est tellement épuisant. Se cacher pour pleurer, toujours, chercher un endroit vide très vite quand on sent les larmes qui montent. Faire des grands sourires, rire en même temps que les autres, vivre un peu sûrement, un battement de cœur, deux.
Je vais peut être arriver à tenir."

1 commentaire:

  1. Alors là, vraiment, je suis touchée par ce que tu m'as écrit, merci beaucoup :$ !!

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Etude rapprochée du spécimen.

Ma photo
Je suis vivante. Je respire, j'ai deux bras, deux jambes, deux yeux, des ongles, des cheveux, des cils et un organe reproducteur aux dernières nouvelles féminin. Tout fonctionne très bien merci.

Youpi.