samedi, mars 26

Then he took me to the river, where he slowly let me drown.


Je tangue.

Le vernis se craquelle sur mes ongles et mon coeur. Je ne suis pas grande gueule, je ne suis pas amoureuse de moi même. Je suis trop petite pour le rôle que je joue. Je me perds dedans. Je trébuche dans les plis de mon personnage, je déchire le tissu. Ma robe trop courte devient immense autour de moi. Les talons de mes chaussures me font tomber par terre. Arrête de te ratatiner ! Je n'ai pas besoin d'un miracle. J'ai besoin de nuits de sommeil sans rêves, d'anti cernes sur les coquards que la fatigue creuse autour de mes yeux, de mascara waterproof, d'heures de perm interminables à me saouler de clips absurdes au foyer. Je n'ai pas besoin d'un miracle. J'ai juste besoin de dormir. Tu vas pas rester toute ta vie dans ton lit à te haïr. Et pourquoi pas ? Ca me paraît un plutôt bon programme. Les humiliations et les abandons laissent en moi des plaies ouvertes et sanguinolentes. Mes yeux se ferment tous seuls mais comme tout est mieux que de me tourner indéfiniment dans mon lit, j'ai regardé "Je vais bien ne t'en fais pas". Il est mort, son frère. Et toi, t'es mort ? Tous les 11 juin on t'attends pour rien ? T'es enterré quelque part avec une couronne de fleurs en porcelaine sur ta tombe et on le sait même pas ? Je sais que t'écris pas, mais une carte, juste une carte, pour mon anniversaire, non ? Je pense tous les jours à toi. Tous les jours. Moi y'a personne pour se soucier de mes larmes. Moi mon papa il aime pas mes cadeaux, les cadeaux que je mets des semaines à trouver, des semaines à imaginer sa réaction. Pour ça. Et tous les ans ça recommence. Mais là je pensais vraiment avoir trouvé un truc génial, c'est con. Moi je me roule en boule par terre parce que j'ai peur des gens. Moi je marche toute seule sur le port, je me tords la cheville et les regards me dévorent. Ca t'étonne ? J'ai toujours peur de la foule, des magasins, de demander de la monnaie, de prendre l'ascensceur avec des gens, du silence, de l'eau profonde. Si tu étais là, je m'accrocherais à ton épaule pour te dire bonjour. Mais t'es pas là. T'es parti et personne me protège. T'es parti et personne m'aime. Pourquoi tu m'as pas aimée autant que je t'aime ? Pourquoi tu m'as laissée toute seule dans le noir, la proie facile de toute la douleur qui passe ? Pourquoi ? Qu'est ce que j'ai fais ? J'étais si insignifiante que ça, pour que rien ne te retienne ? Tu vois, maintenant, je suis insignifiante pour tout le monde. Je vaux bien moins que toutes les blondes aux yeux bleus de cette terre. Mais c'est pas de ta faute si je suis brune et si mes yeux sont verts. C'est pas de ta faute si ils regardent toujours par terre. J'en crève de me détester. Mais c'est parce que personne ne me prend la main quand je suis triste. C'est parce que mon front est trop haut et mon égoisme trop insupportable. C'est parce que je n'ai pas compté. Bravo à toutes les blondes aux yeux bleus de ce monde. Bravo à toi. Bravo à moi de chanter sans personne pour m'applaudir. Bravo au combat que je ne gagnerais jamais. Mes sourires viennent toujours une seconde trop tard. Personne le remarque. Tant pis pour moi.

Y'a plus rien à faire que d'attendre la dernière chute.

mardi, mars 1

L'Adorable.

Comment m'y prendre pour te prouver que je t'aimerais jusqu'au bout de moi, à chaque seconde ?

Oh, vous savez, je ne sers pas à grand chose. Ici, ce que je raconte n'a aucune utilité, je parle de moi, et c'est stupide, puisque c'est ma plus grande douleur. Moi. Mon propre poids est le plus lourd de mes fardeaux, celui qui fait que je pleure quand le réveil sonne. Mes jambes. Ma tête. Mon intérieur, tout cassé, tout branlant, réparé tant bien que mal avec des pièces disjointes, récupérées ici et là. Ma plus grande souffrance.

Pourquoi je parle de moi ? Pour exorciser le mal, peut être. C'est con, je suis d'accord avec vous. Seulement ce soir, après avoir versé toute mon eau devant Max et les maximonstres, leur solitude et leur tristesse, je voudrais simplement penser à quelque chose qui me permette de m'endormir sans avoir peur des cauchemars.

Vous êtes trois, trois soleils incroyables qui gravitent autour de moi, trois miracles, arrivés là par erreur ou par coup du destin, je ne sais pas. Trois merveilles. Ce soir je veux parler de la permière.

Mon trésor, mon soleil, est ce que j'arrive à être là pour toi autant que tu le mérites ? Est ce que j'arrive à tenir debout suffisament pour que tu n'ais plus peur ? Dans Max et les maximonstres, Max dit "la tristesse, je lui éclate la tête, et la solitude, je lui fait ça !" et il l'explose. Tu comprends ? Je vais l'exploser, la solitude, à coups de films et de câlins et de téléphone et de yaourts et de cadeaux. Je vais l'exploser, parce que je veux que tu n'arrêtes jamais de briller, d'être ce soleil qui me réchauffe les os et qui calme ma peur du vide. Parce que je veux que tu souris et que tu chantes, parce que tu es belle, attendrissante et drôle.

Je te tiendrais toujours dans mes bras, et si on dois sauter dans le vide, on sautera ensemble, je te promets. Je te promets qu'on sera vivants et victorieux et libres, et qu'on se tiendra sur les décombres de nos anciennes douleurs, et qu'on sera debout. Et tout sera vierge et blanc à nouveau, une incroyable dernière chance.

Parce que je t'aime autant que l'Univers, et plus encore, jusqu'au bout.

Etude rapprochée du spécimen.

Ma photo
Je suis vivante. Je respire, j'ai deux bras, deux jambes, deux yeux, des ongles, des cheveux, des cils et un organe reproducteur aux dernières nouvelles féminin. Tout fonctionne très bien merci.

Youpi.