lundi, octobre 24

Petit matin 4.10 heure d'été

Je voudrais m'excuser. Pour tout ce que je ne sais pas faire : la simplicité, la beauté, le bonheur. Je voudrais m'excuser si je suis une horreur. Mais j'ai tellement peur et puis tu vois, je ne veux plus être triste. Parce que je ne parle pas d'une simple tristesse, mélancolique et douce. Je parle d'une douleur infinie à en devenir folle, une incapacité à bouger, respirer, manger, vivre. Je voudrais que tu comprennes comme tout me chamboules, je voudrais te dire pourquoi mais je n'ose pas. Pour la première fois je voudrais dire mon histoire ma folie mon traumatisme, ma tête explosée sur le trottoir, ma mâchoire brisée de douleur, ce que je ne peux dire à personne. Je voudrais dire les mots qui ne sortent pas même pour ma psy, même pour mes amis les plus proches, les mots qui se coincent dans ma gorge et m'étouffent. Je voudrais dire les cicatrices que j'ai au creux du ventre et aussi autour de la poitrine là où mes ongles s'enfoncent pendant les crises. Je voudrais dire l'hôpital aussi, le bruit feutré des semelles en caoutchouc des infirmières, les parties de Jungle speed avec ces filles aux poignets marqués, les insomnies qui finissaient par provoquer des crises de délire, je voudrais dire Houat, la presque noyade dans l'eau noire d'algues et bouillonnante et les mains qui m'arrachent à mon cauchemar et la peur de mourir, et les larmes camouflées derrière les lunettes de soleil et son corps contre celui de cette fille étrangère et la peur totale à l'idée de voir leurs lèvres se rejoindre. Je voudrais dire tout ce qui m'a fait ce que je suis. Mais après ? Tu diras quoi ? Tu riras peut être et j'en souffrirais. Ou alors tu me regarderas en essayant de cacher ton dégoût et puis tu repartiras vivre ta vie de garçon qui n'a rien fait de mal. Sans moi. Je ne veux pas que tu vives sans moi alors je ne peux pas te dire pourquoi je suis insupportable, pourquoi je te déteste quand tu ne réponds pas, pourquoi j'ai toujours peur que tu me quittes, pourquoi je te traite de menteur. Je ne peux pas te dire et tu vas me quitter pour ça, et je le sais mais je ne peux pas faire autrement. C'est ma faute. Tout sera ma faute. Alors pardon. Pardon si je nous détruis comme j'ai tendance à détruire tout ce que j'aime, pardon si je pleure toujours trop vite, pardon d'être venue dans ta vie, pardon pour ma bouche sur la tienne, pardon de vouloir toujours que mes amours ressemblent à une chanson de Thiéphaine. Pardon d'être narcissique, pardon d'exiger qu'il n'y ait que moi qui compte. Pardon pour tout ce que je vais faire, pardon d'avance pour ma douleur qui va t'embarrasser.
Pardon si je ne peux pas guérir. Je ne pourrais jamais guérir complètement. Je serais toujours cette fille là qui a besoin d'être rassurée et entourée tout le temps. Je suis désolée si mes jambes sont trop faibles pour me soutenir toute seule. Je peux te dire que je t'aime et que pour toi je vais essayer de changer, d'être forte, je peux te dire que je vais essayer de toutes mes forces mais je ne peux rien te promettre.
Et je peux aussi te dire merci parce qu'avec toi, je suis heureuse comme le 31 décembre 2010, au coeur de la nuit. Ou presque.

dimanche, octobre 9

L'Appolonide.



Une brusque arrivée d'air froid dans les poumons, qui se force un passage entre les lèvres closes. Déchirure. Et puis un air d'opéra brillant et majeur qui explose dans la tête en emportant les mauvais souvenirs dans son flot de notes qui s'enchainent parfaitement. Et puis envie de danser. Dans la rue. Dans ma chambre. En cours. Les heures qui s'étirent longues et spongieuses avec dedans la possibilité de faire mille rêves à la seconde, la fin de toutes les gravités. Accrochée au plafond, punaisée dans le ciel. C'est comme rentrer chez soi et retrouver son lit après une fête qui a duré deux jours. C'est comme chanter du Mozart sur une scène dont les lumières cachent la foule qui retient son souffle. C'est comme ouvrir un cadeau de Noël. C'est comme de l'oxygène après avoir passé trop de temps en apnée et un pansement sur les plaies.


Quelque chose d'extraordinaire m'arrive.





Etude rapprochée du spécimen.

Ma photo
Je suis vivante. Je respire, j'ai deux bras, deux jambes, deux yeux, des ongles, des cheveux, des cils et un organe reproducteur aux dernières nouvelles féminin. Tout fonctionne très bien merci.

Youpi.